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Du smartphone à l'ordinateur ou à la trottinette électrique, les biens électroniques reconditionnés font de plus en plus concurrence aux produits neufs, permettant de suivre l'évolution technologique sans se ruiner.

Quelle que soit leur nature, les appareils une fois récupérés sont triés et testés, réparés le cas échéant, et remis à neuf, les données existantes étant bien entendu effacées. Ils sont ensuite remis sur le marché, et revendus à des entreprises ou des particuliers avec une garantie.

Les smartphones sont de loin les produits reconditionnés les plus vendus et également la catégorie la plus étudiée, la seule pour laquelle on a quelques chiffres. Il s'est ainsi vendu 1,9 million d'appareils refaits à neuf en France en 2016, selon l'institut spécialisé GfK, contre 20,2 millions de smartphones neufs. Tandis que les ventes de neuf ont marqué le pas, celles du reconditionné ont progressé d'environ 50% sur l'année précédente.

GfK évoque aussi « une professionnalisation du téléphone d'occasion » autrefois revendu entre particuliers : les smartphones reconditionnés concernent davantage le haut de gamme, avec un prix moyen de 260 euros l'an dernier quand les appareils neufs étaient vendus 185 euros en moyenne. C'est d'ailleurs l'iPhone d'Apple, plutôt cher, qui a porté ce marché émergent.

« C'est devenu assez courant d'acheter des téléphones reconditionnés », confirme Annette Zimmermann, analyste chez Gartner, qui estime qu'ils occupent désormais « peut-être 10% du marché en Europe, sans doute un peu plus aux Etats-Unis ».

« Il y a huit ou dix ans, les téléphones rénovés avaient une très mauvaise réputation, parce qu'ils étaient mal refaits et qu'il y avait de sérieux problème de qualité. Ils ont disparu de la circulation, et voici qu'ils reviennent », explique-t-elle.

Si un appareil reconditionné est de 30 à 50% moins cher qu'un neuf en moyenne, sa conception est aussi plus ancienne et il sera donc plus vite dépassé.

« Pour le smartphone, on a une à deux générations de retard », constate Vianney Vaute, cofondateur et responsable marketing de Back Market. « Par exemple, on arrive maintenant au iPhone 6S » qui est sorti il y a deux ans, note-t-il.

Back Market, comme d'autres, propose aussi des tablettes, des ordinateurs, des téléviseurs, des appareils-photo, jeux vidéo, des casques, de l'électroménager. « On sent qu'il y a une tendance au-delà du smartphone. On est en train, aussi, de créer le marché en proposant à la vente ces produits-là », avance Vianney Vaute.

La plate-forme de Back Market propose des produits venus de 130 usines certifiées. Elles sont en majorité installées en France où le reconditionnement ferait travailler 8 500 personnes, et souvent petites, à l'image d'Okamac.

Alban Regnier a fondé cette petite structure qui remet des Mac à neuf quand il était étudiant, alors qu'il cherchait lui-même un ordinateur d'occasion fiable. « En sept ans, le marché s'est vraiment structuré, on n'est plus du tout les seuls », note le jeune dirigeant. « Avec des professionnels du reconditionnement, il n'y a plus la question de la qualité, l'angoisse d'acheter un ordinateur en se demandant s'il marchera encore quinze jours après! »

Au-delà d'internet, Okamac va bientôt vendre ses Mac en magasin. Car les enseignes de distribution traditionnelles ont suivi le mouvement. La Fnac, par exemple, indique que ses ventes de produits reconditionnés augmentent de 50% par an.

 

« On s'est aperçu qu'il y avait une appétence extrêmement forte de nos clients : plus on en mettait, plus on en vendait », explique Mehdi Dahmani, le directeur de Fnac Occasion, « et c'est là où on a pu constater qu'il y avait un changement du mode de consommation de nos clients ».