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Aborder la 5G à ce stade n’est plus question de définition ou d’explication de la technologie, mais de progrès en termes de déploiement. La technologie de la 5ème génération est désormais une réalité et non pas une technologie en cours d’essais dans les laboratoires.

Bien que le monde tout entier se prépare à  la commercialisation de la 5G, toutefois, pas toutes les régions n’occupent la même place quant aux progrès réalisés. L’Asie est certainement la première région à déployer la technologie, suivie par l’Amérique du Nord. Et l’Europe ? D’aucuns pensent que la nouvelle technologie ne sera pas déployée sur le continent européen avant 2021 ou 2022.

Premier réseau 5G en Europe

En Europe, la 5G est disponible pour les usagers à Monaco et San Marin et commence à l'être en Suisse, en Finlande, en Estonie et au Royaume-Uni. Au plan mondial, elle a déjà été lancée aux États-Unis et en Asie.

« Nous devenons le premier État entièrement couvert en 5G », s'est félicité le président de Monaco Telecom, Étienne Franzi, « il s'agit du premier pilier du programme ‘Extended Monaco’, porté par la Principauté, et qui nous permettra de basculer totalement dans le numérique ».

L'opérateur Monaco Telecom a voulu exposer les avancées rendues possibles par la 5G, inaugurée en Principauté avec des équipements de Huawei. Présenté début mai, ce programme vise à accélérer la transition vers le numérique de la Principauté, afin de profiter de la petite taille du territoire pour transformer la ville en laboratoire numérique.

Le nouveau réseau doit en effet permettre à Monaco de déployer toute une série de services, tant dans le domaine des transports que dans ceux liés à la sécurité.

La 5G en France

Alors que plusieurs pays européens ont déjà attribué leurs fréquences, la France vient de se lancer dans la course avec la publication par le régulateur des télécoms, l'Arcep, de la procédure qui sera suivie.

La France « n'est pas parmi les premiers » (pays) en Europe pour attribuer ses fréquences, mais elle « n'est pas en retard », a, devant la presse,  assuré Sébastien Soriano le président de l’Arcep.

En effet, le Parlement a récemment, par un ultime vote du Sénat, donné son aval définitif à un texte visant à sécuriser juridiquement le déploiement de la 5G, face aux risques d'espionnage ou de sabotage.

Permettant de transmettre beaucoup plus rapidement que la téléphonie mobile actuelle de très grandes quantités de données, elle promet le développement de technologies futuristes, voiture autonome, chirurgie à distance, usine automatisée et objets connectés. Mais, revers de la médaille, la 5G expose aussi, de par sa puissance, à une vulnérabilité inédite, notamment en termes de sécurité nationale.

La proposition de loi LREM, qui a fait l'objet d'un accord entre députés et sénateurs en commission mixte paritaire, met en place un nouveau régime d'autorisation préalable à l'exploitation des équipements 5G, afin de renforcer la sécurité de ces futurs réseaux.

« Substantiellement enrichi par le Sénat », ce texte « fait l'objet d'un consensus politique et ses dispositions doivent entrer rapidement en vigueur », a estimé la rapporteuse LR Catherine Procaccia.

Il « permet d'établir un cadre juridique stable, simple, protecteur, sans retarder le déploiement de la 5G », a souligné la secrétaire d'État à l'Économie Agnès Pannier-Runacher, précisant que le gouvernement est en train de finaliser les textes d'application.

La France a lancé officiellement sa procédure d'attribution des fréquences 5G aux opérateurs télécoms en juillet, espérant un premier déploiement commercial dans quelques grandes villes françaises à la fin de 2020 et la couverture des deux tiers de la population d'ici 2026.

« Il n'y aura pas une 5G des villes et une 5G des champs", a insisté Pannier-Runacher devant la chambre des territoires, « 12 000 sites par opérateur devront être équipés en 5G en 2025, dont un quart dans les zones rurales ».

Washington a exclu l'équipementier chinois Huawei du déploiement sur le sol américain, l'accusant d'être un cheval de Troie de Pékin, et a demandé à ses principaux alliés, en particulier européens, de se passer des équipements chinois dans leurs futurs réseaux 5G.

Pour autant la proposition de loi adoptée par le Parlement français ne vise pas un équipementier particulier, a assuré le gouvernement.

Préalablement à toute activité d'exploitation de certains équipements électriques qui, par leurs fonctions, présentent un risque pour la sécurité des réseaux, les opérateurs devront adresser une demande d'autorisation au Premier ministre, qui se prononcera dans les deux mois.

Il pourra refuser l'autorisation « s'il estime qu'il existe un risque sérieux d'atteinte aux intérêts de la défense et de la sécurité nationale ».

L'enjeu est aussi au niveau de la maintenance de ces équipements, souligne Agnès Pannier-Runacher. « L'objectif est de faire en sorte qu'il n'y ait pas de vulnérabilité, soit dans la maintenance, soit dans les interventions de mise à niveau, avec des sous-traitants qui pourraient par exemple ne pas être fiables ».

La proposition de loi « constitue une réponse adéquate » aux enjeux de souveraineté et de sécurité nationale, a estimé Jean-François Longeot, tout en promettant de rester « attentif » à la question de l'harmonisation européenne et de la couverture des territoires ruraux.

Craintes et délais

Selon les estimations de la GSMA, une éventuelle interdiction des équipements produits par Huawei et ZTE en Europe pour le déploiement de la 5G coûtera aux opérateurs 55 milliards d'euros et 18 mois de retard.

Les deux équipementiers chinois pèsent ensemble 38% du marché des équipements télécoms en Europe (28% pour Huawei, 10% par ZTE), un peu plus de 50% étant détenus par le finlandais Nokia et le suédois Ericsson (autour de 25% chacun).

Selon le rapport, le surcoût s'expliquerait « pour moitié par une hausse des coûts liée à une moindre concurrence », et d'autre part parce que « les opérateurs seraient dans l'obligation de remplacer des infrastructures existantes avant de passer à la 5G ». Un coût qui pourrait d'ailleurs fortement varier d'un pays à l'autre et même d'un opérateur à l'autre, dans la mesure où l'exposition aux équipements chinois peut être très diverse.

En France par exemple, Orange ou Free n'utilisent pas d'équipements de Huawei, alors que SFR et Bouygues Telecom passent par des antennes de Huawei dans une partie de leur réseau 4G. Plus largement, la GSMA estime que « 60% des abonnés en Europe utilisent des réseaux d'opérateurs ayant signé des contrats 4G avec Huawei ».

Cette obligation de remplacer de tels équipements entraînerait pour partie les 18 mois de retard, tandis que  les « capacités contraintes des équipementiers restants pourraient perturber les plans de déploiement ».

D’autre part, le délai en termes du déploiement de la 5G en Europe revient à l’environnement régulateur et au coût exorbitant du spectre.

L’Europe doit certainement accélérer ses efforts pour rattraper le reste des régions développées. La 5G doit devenir une partie cruciale de la politique du continent qui doit y accorder une grande importance tout comme toute autre  infrastructure.